jeudi 24 octobre 2013

AUTRUCHE



Jeu rituel par lequel les élèves signifient au professeur leur respect craintif. L’exécution de cette cérémonie amusante est très simple : le professeur doit d’abord tourner le dos aux enfants au prétexte par exemple qu’il a quelque chose à écrire au tableau ; l’un des petits dit alors, de sa voix la plus innocente, « autruche » ; ses camarades et lui se précipitent sous les tables dans un bref chahut de chaises, puis ils y restent tapis.
Ainsi, le professeur se retourne et constate le calme puissant de la classe vidée des têtes des élèves. Les détails émouvants d’un pied ou d’une main dépassant de l’abri des tables, le souffle court des respirations des enfants, enjoignent le maître à la complicité. À son tour, il doit jouer son rôle. Il est maintenant le maître du jeu : c’est lui qui décide de sa durée et de sa théâtralité. S’il fait ce qu’on attend de lui, il se raclera profondément la gorge, fera comme le grondement guttural d’un molosse avant l’attaque, puis il dirigera la clameur puissante de sa colère contre les tables-abri où les élèves se recroquevilleront sous l’impact de sa fureur sonore. Il tempêtera, il hurlera et honnira le comportement des enfants ; il (ou elle) fera comme le loup du conte qui souffle les maisons des trois petits cochons. Sous leurs tables exiguës, les petits trembleront en claquant des dents. Et le professeur fera les cent pas dans la classe, en promettant tous les plus terribles tourments à ces coquins. Au ras du sol, on pourra remarquer sous le pantalon trop court de l’enseignant ses chaussettes fantaisie qui montrent bien que tout cela n’est qu’un jeu.
Dans le cas d’un professeur grincheux qui n’aimerait pas ce jeu, celui-ci devra faire semblant d’en rire et concéder la mort dans l’âme qu’avec le temps il a perdu le goût de jouer.

samedi 10 août 2013

mardi 7 octobre 2008

Élève



« Élève » est un mot énigmatique qui désigne un jeune être tout aussi étrange. Un « élève » est une personne envisagée au moment de sa vie scolaire. Nous nous intéresserons plus précisément aux élèves du collège.
« Élève » viendrait du latin elevare qui signifie amener quelque chose plus haut, ce qui pose avant tout la question de la croissance et de la santé nécessaire à cette croissance. Il est vrai que les parents nourrissent si mal leurs enfants qu’il est heureux que l’école subvienne à leur équilibre. On peut aussi interpréter ce sens étymologique selon une image couramment admise que l’instruction et l’enrichissement de l’esprit portent plus haut l’élève.
Une autre étymologie au mot « élève » est avancée par certains chercheurs : le terme proviendrait de l’ancien scandinave aelf qui a également donné « elfe ». On comprend mieux quantité de choses à la lumière de cet étymon.
L’élève est la substance active du collège. Pris individuellement ou en masse, il présente tous les aspects d’une chose ou d’un être issu de notre planète : comme la mer il est calme ou agité ; comme le volcan il dort ou il entre en éruption ; comme le vent il n’en fait qu’à sa tête ; comme la forêt il est foisonnant et secret ; comme les animaux il réclame à manger et se bagarre ; comme les poissons il respecte la loi du plus fort ; comme les oiseaux il piaille et tente de voler ; comme les singes il grimpe et joue ; comme les hommes, enfin, parfois, il est curieux et cherche à s’améliorer.
L’élève, au cours de sa période au collège grandit physiquement, c’est indéniable. Le collège se fixe plusieurs objectifs :
1
Que l’élève grandisse bien et en bonne santé : ce qui passe par la nutrition et la pratique du sport.
2
Que l’élève devienne plus soucieux du monde et des personnes qui l’entourent et éveille ainsi sa conscience : ce qui passe par l’éducation et la pratique du sport.
3
Que l’élève enrichisse ses connaissances, ce qui est nettement plus simple que le précédent objectif et qui ne nécessite aucune pratique du sport…
Les élèves présentent des aspects fort variés : il y en a de toutes les couleurs et de tous les gabarits ; il y a des filles, des garçons, des filles qui ressemblent à des garçons et des garçons qui ressemblent à des filles, il y a aussi des élèves qui ne ressemblent à rien.